Film Review:
Extrait du Cahier Du Cinéma 1968 :
J’ai eu le grand plaisir de voir le dernier chef-d’œuvre cinématographique de M. Gerald Thomas, «Carry On Up The Khyber», avec M. Kirk Hendry au Cinema Museum de Londres
Il est clair d’emblée qu’aucune dépense n’a été épargnée pour livrer une confection cinématographique exotique – la dernière d’une longue lignée de comédies de manières – dans tous les domaines de la production, de la recherche scrupuleusement détaillée sur les costumes, les us et coutumes indigènes à des noms de personnages aux sonorités authentiques, tels que «Le khasi de Kalabar», «Princesse Jelhi» et «Bungdit Din», ainsi qu’un respect scrupuleux de la religion sous des noms tels que «Shivoo», qui transportent instantanément le spectateur enthousiasmé, sons et odeurs de l’Inde coloniale.
C’était un rare plaisir de revoir une fois de plus le groupe de comédiens connus des précédents films «Carry On», sans doute la plus grande contribution des Britanniques au cinéma mondial – M.Sid James, Mme. Joan Sims et M. Charles Hawtrey et d’autres, qui offrent des performances parfaitement affinées qui permettent d’apporter de la nuance et de la profondeur au récit, en particulier M. Sid James, dont la signature «Ack Ack Ack» alors qu’il surveille le décolleté Les scènes qui anticipent les imaginations plus sauvages de Warhol resteront dans les rêves de ce critique.
M. Gerald Thomas, le réalisateur, a évoqué l’influence de Godard, Bunuel et, dans une moindre mesure, de Bresson, dans son travail. Cela est évident lorsque le film atteint parfois les hauteurs surréalistes du chef-d’œuvre inachevé de Bunuel, également situé dans Colonial India , “Un Poulet Vindaloo”, une suite destinée à “Un Chien Andalou”, où la volaille occupe une place centrale, et où la narration dialectique prend la forme d’un collage, conçu avec une rigueur cinématographique et hors du commun. Pathos se tourne de nouveau vers Bathos au cours du récit, provoqué par la perte des sous-vêtements du soldat James Widdle de M. Hawtreys au profit du “Bungdit Din” de M. Bernard Bresslaws. M.Thomas tisse une histoire en mouvement rapide avec brio. M. Kenneth Williams livre une performance aux proportions presque byzantines telles que « Le Khasi de Kalabar » allant de la douce ironie à la véritable menace véhiculée uniquement par les narines qui perdurent dans la mémoire longtemps après le film, comme les lèvres de Dali de Mae West ou Man Ray’s Lips de Lee Miller.
Il reste à M. Peter Butterworth, en tant que malheureux missionnaire «Frère Belcher», de livrer un tour de force en montagnes russes alors qu’il lutte contre le paradoxe qui est au cœur du récit, délirant à tour de rôle lorsqu’il est en compagnie des Khas courtisanes et névrosés quand il luttait avec sa conscience troublée.
De nombreuses scènes du film sont un clin d’œil à de précédents commentaires cinématographiques sur la fragilité de l’aventure coloniale britannique, et rien de plus que la scène du dîner culminant alors que des tirs de canon s’abattent sur les convives d’un groupe musical composé de 4 pièces – une subversion surréaliste résonnant la mise en scène de Godard, l’improvisation de Bresson et est la définition même du mot «fondamental», qui résonne si bien dans le titre du film qui marque le zénith de la série Carry On et est donc un film par excellence.
Ravi Swami 1968
Film Review (Translation)
(Translation)
I had the special pleasure of seeing M. Gerald Thomas’ latest cinematic masterpiece, “Carry On Up The Khyber”, with M. Kirk Hendry at The Cinema Museum, London.
It is clear from the outset that no expense has been spared to deliver an exotic cinematic confection – the latest in a long line of comedies of manners – in every area of production, from the scrupulously detailed research into native costumes, customs and habits to the authentic sounding character names, such as “The Khasi of Kalabar”, “Princess Jelhi” and “Bungdit Din”, as well as a careful respect for religion in names such as “Shivoo”, that instantly transport the eager viewer to the sights, sounds and smells of Colonial India.
It was a rare delight to see once again the ensemble cast of actors familiar from previous “Carry On” films, arguably Britains’ greatest contribution to world cinema – M.Sid James, Mme. Joan Sims and M. Charles Hawtrey and others, who uniformly deliver finely honed performances that succeed in adding nuance and depth to the narrative, in particular M. Sid James, whose signature “Ack Ack Ack” as he surveys the décolletage prominently on display in scenes that anticipate the wilder imaginings of Warhol, will live on in the dreams of this reviewer.
Gerald Thomas, the director, has cited the influence of Godard, Bunuel and to a lesser extent, Bresson, in his work and this is evident where at times the film reaches the surrealist heights of Bunuel’s unfinished masterpiece, also set in Colonial India, “Un Poulet Vindaloo”, an intended sequel to “Un Chien Andalou”, where poultry take center stage, and where the dialectic narrative takes the form of a collage, crafted with an uncommon and cinematic rigour.
Pathos turns to Bathos and back again during the course of the narrative, triggered by the loss of M.Hawtreys’ “Private James Widdle” undergarments to M. Bernard Bresslaws’ “Bungdit Din” and it is upon this superficially threadbare premise that M.Thomas weaves a fast moving tale with gusto.
Kenneth Williams delivers a performance of almost Byzantine proportions as “The Khasi of Kalabar” exhibiting range from gentle irony to genuine menace conveyed solely by nostrils that linger in the memory long after the film like Dali’s lips of Mae West or Man Ray’s Lips of Lee Miller.
It remains for M.Peter Butterworth as the hapless missionary “Brother Belcher” to deliver a tour de force roller–coaster performance as he wrestles with the paradox that forms the very core of the narrative, at turns delirious when in the company of the Khasi’s courtesans and neurotic when wrestling with his troubled conscience.
Many scenes in the film are nods to previous cinematic commentaries on the fragility of Britains’ colonial adventure, none more so than the climactic dinner scene as cannon fire rains down on the diners to the strains of a 4 piece musical ensemble – a surrealistic subversion echoing the mise en scene of Godard, improvisation of Bresson and is the very definition of the word “fundamental” so neatly echoed in the title of the film that marks the zenith of the Carry On series and is thus film-making par excellence.
Ravi Swami 2019